Pour poursuivre ces échanges, autour d'un projet de loi dont on ne connait pas encore tous les contours, je complète donc ici une partie des points de vue exprimés par de nouvelles publications récentes, qui repositionnent notamment cette problématique dans le contexte plus large de l'adoption "tout court" et des conséquences de la complexité grandissante de celle-ci, notamment en termes de lacunes dans le domaine de l'accompagnement post-adoption.
Comme je l'ai écrit, je partage le fait qu'il faille analyser chaque situation au cas par cas; il est nécessaire de s'assurer du désir de parentalité mais aussi de la capacité éducative...au cas par cas, mais , d'une certaine manière, comme pour les hétéros! D'ailleurs, Hélène Charbonnier précise dans son interview à LaCroix
"Là encore, je ne dis pas que, dans ce type de configuration, les choses se passeront mal. Je dis seulement que les parents doivent être préparés aux questionnements de l’enfant et qu’ils doivent être accompagnés. Or, actuellement, l’accompagnement post-adoption est déjà très fragile, les consultations d’orientation et de conseil en adoption se meurent faute de moyens. Il faut parler de tout cela, notamment dans le cadre du Conseil supérieur de l’adoption (CSA), qui n’a pas été sollicité en amont de la réforme."
Néanmoins, je continue de penser (peut-être à tort ;-)!) que si les choses sont clairement expliquées aux enfants, ils peuvent tout à fait se construire avec des parents homosexuels, qu’ils soient des enfants adoptés par les deux membres du couple, ou l’enfant bio d’un des deux conjoints et adopté par l’autre. Sans compter la sécurité juridique que cela apporte aux enfants, notamment vis-à-vis du 2ème parent, considéré comme un simple tiers aujourd'hui. De plus, un certain nombre d’études permettent aujourd’hui d’avoir un peu de recul sur le développement des enfants élevés par des coulpes homos, et ce, sans problème particulier (voir les articles du Monde et de Quoi) .
Pour compléter mon propos, une série de trois articles publiés par Le Monde la semaine dernière; le premier article reprend très précisément les différentes thèses des psys, qui toutes, se défendent… ma sensibilité me portant plutôt sur les thèses des « favorables » dont voici un extrait :
" Pour Serge Hefez, pédopsychiatre à la Pitié-Salpêtrière, les opposants"confondent la famille, qui est une donnée sociale, avec l'engendrement, qui est une donnée biologique". "Toutes les sociétés fabriquent des formes de famille qui s'éloignent du biologique, poursuit-il. Deux personnes qui n'ont pas engendré un enfant peuvent être ses parents, qui l'aiment et l'élèvent. Cela ne pose pas de problème si les choses sont claires pour l'enfant."
"Vive cette loi !, lance le pédopsychiatre Marcel Rufo. On voit déjà plein d'enfants dans ces situations. Les homosexuels sont des parents aussi compétents que les autres. Les enfants acceptent toujours leur homosexualité s'il y a de la pudeur de leur part."
Stéphane Clerget, pédopsychiatre à Paris, ne voit également "rien de préoccupant" dans le projet. "Ce qui est important pour l'enfant, c'est de savoir biologiquement d'où il vient et qui a des droits sur lui, estime-t-il. L'interdit de l'inceste doit être mis en place de la même façon que pour les couples hétérosexuels. Une fois qu'il sait tout cela, il peut évoluer harmonieusement dans différents contextes." L'identification au masculin et au féminin peut se faire avec d'autres personnes que les parents, estiment ces spécialistes."
Plus nuancés, Hélène Charbonnier et Jean Vital de Monléon, dans leur tribune publiée par Libé, semblent également plus réticents: " Dans le débat actuel sur l’adoption par les couples de même sexe, l’enfant devrait être replacé au centre des débats. En théorie, et dans les paroles de chacun, il est proclamé que l’adoption a pour but de trouver une famille à un enfant et non le contraire. Nous nous demandons quelle est la place donnée à l’enfant adopté dans les débats actuels. Entre un désir d’égalité entre les couples, quelle que soit leur composition, et les réactions émises par des mouvements philosophiques, politiques, ou religieux, que fait-on de l’adopté ? Qui s’interroge sur la «famille» ou la parentalité se doit de cheminer pour mieux connaître ou comprendre la personne adoptée.
(...) Nous savons qu’il n’est pas toujours facile en France, dans une école ou dans la rue, d’être le seul à avoir «cette» couleur de peau, d’être le seul à avoir «cette» histoire précédant l’arrivée en France, faite de séparations et de chamboulements. La loi peut-elle rajouter une nouvelle différence sans concertation aucune des experts de l’adoption, sans évoquer l’avenir des adoptés en recueillant leurs ressentis ? A ce jour, trop peu d’études fiables renseignent sur le devenir des enfants adoptés en France et sur le devenir des enfants élevés dans des familles homosexuelles. Nous savons déjà que les adoptions internationales réalisées par des célibataires, des couples âgés, des couples plus fragiles ou plus exaltés sont autant de facteurs de risque. Nous pensons que l’adoption par des couples de même sexe doit faire l’objet d’une réflexion collective. Nous aimerions pouvoir en parler, sans polémique, en toute objectivité, et nourrir l’échange d’un diagnostic à jour sur l’adoption nationale et internationale.
Nous comprenons les besoin légitimes de parentalité, mais le fort désir d’enfant, s’il est essentiel pour dépasser les obstacles de l’adoption et donner amour et protection à son enfant, ne suffit pas toujours."
Hélène Charbonnier précise : " Bien sûr qu’il y a de l’amour dans les couples homosexuels et qu’ils ont la capacité d’élever un enfant, mais ce n’est pas la question : ce qui est en jeu, en réalité, c’est la manière dont l’enfant va se construire dans le cadre de l’adoption, que l’on s’apprête à élargir.
Un enfant adopté connaît un cheminement particulier : il doit trouver sa place et construire son identité. Qu’on le veuille ou non, il a besoin de se représenter son père et sa mère biologique, car c’est comme cela qu’il est venu au monde ! Les enfants adoptés par des couples de même sexe chercheront à connaître leurs origines, c’est inéluctable. Cette quête ne remet pas en cause les parents adoptifs, elle est simplement une réalité, qui survient souvent à l’adolescence. Dans mon association, nous sommes bien placés pour le savoir ! Il faut aussi être conscient que dans la tête d’un enfant, il y a une différence entre le parent biologique et le parent social."
Sources: LeMonde, LeMonde, LeMonde, LaCroix, Libération, Quoi,
Pour compléter mon propos, une série de trois articles publiés par Le Monde la semaine dernière; le premier article reprend très précisément les différentes thèses des psys, qui toutes, se défendent… ma sensibilité me portant plutôt sur les thèses des « favorables » dont voici un extrait :
" Pour Serge Hefez, pédopsychiatre à la Pitié-Salpêtrière, les opposants"confondent la famille, qui est une donnée sociale, avec l'engendrement, qui est une donnée biologique". "Toutes les sociétés fabriquent des formes de famille qui s'éloignent du biologique, poursuit-il. Deux personnes qui n'ont pas engendré un enfant peuvent être ses parents, qui l'aiment et l'élèvent. Cela ne pose pas de problème si les choses sont claires pour l'enfant."
"Vive cette loi !, lance le pédopsychiatre Marcel Rufo. On voit déjà plein d'enfants dans ces situations. Les homosexuels sont des parents aussi compétents que les autres. Les enfants acceptent toujours leur homosexualité s'il y a de la pudeur de leur part."
Stéphane Clerget, pédopsychiatre à Paris, ne voit également "rien de préoccupant" dans le projet. "Ce qui est important pour l'enfant, c'est de savoir biologiquement d'où il vient et qui a des droits sur lui, estime-t-il. L'interdit de l'inceste doit être mis en place de la même façon que pour les couples hétérosexuels. Une fois qu'il sait tout cela, il peut évoluer harmonieusement dans différents contextes." L'identification au masculin et au féminin peut se faire avec d'autres personnes que les parents, estiment ces spécialistes."
Plus nuancés, Hélène Charbonnier et Jean Vital de Monléon, dans leur tribune publiée par Libé, semblent également plus réticents: " Dans le débat actuel sur l’adoption par les couples de même sexe, l’enfant devrait être replacé au centre des débats. En théorie, et dans les paroles de chacun, il est proclamé que l’adoption a pour but de trouver une famille à un enfant et non le contraire. Nous nous demandons quelle est la place donnée à l’enfant adopté dans les débats actuels. Entre un désir d’égalité entre les couples, quelle que soit leur composition, et les réactions émises par des mouvements philosophiques, politiques, ou religieux, que fait-on de l’adopté ? Qui s’interroge sur la «famille» ou la parentalité se doit de cheminer pour mieux connaître ou comprendre la personne adoptée.
(...) Nous savons qu’il n’est pas toujours facile en France, dans une école ou dans la rue, d’être le seul à avoir «cette» couleur de peau, d’être le seul à avoir «cette» histoire précédant l’arrivée en France, faite de séparations et de chamboulements. La loi peut-elle rajouter une nouvelle différence sans concertation aucune des experts de l’adoption, sans évoquer l’avenir des adoptés en recueillant leurs ressentis ? A ce jour, trop peu d’études fiables renseignent sur le devenir des enfants adoptés en France et sur le devenir des enfants élevés dans des familles homosexuelles. Nous savons déjà que les adoptions internationales réalisées par des célibataires, des couples âgés, des couples plus fragiles ou plus exaltés sont autant de facteurs de risque. Nous pensons que l’adoption par des couples de même sexe doit faire l’objet d’une réflexion collective. Nous aimerions pouvoir en parler, sans polémique, en toute objectivité, et nourrir l’échange d’un diagnostic à jour sur l’adoption nationale et internationale.
Nous comprenons les besoin légitimes de parentalité, mais le fort désir d’enfant, s’il est essentiel pour dépasser les obstacles de l’adoption et donner amour et protection à son enfant, ne suffit pas toujours."
Hélène Charbonnier précise : " Bien sûr qu’il y a de l’amour dans les couples homosexuels et qu’ils ont la capacité d’élever un enfant, mais ce n’est pas la question : ce qui est en jeu, en réalité, c’est la manière dont l’enfant va se construire dans le cadre de l’adoption, que l’on s’apprête à élargir.
Un enfant adopté connaît un cheminement particulier : il doit trouver sa place et construire son identité. Qu’on le veuille ou non, il a besoin de se représenter son père et sa mère biologique, car c’est comme cela qu’il est venu au monde ! Les enfants adoptés par des couples de même sexe chercheront à connaître leurs origines, c’est inéluctable. Cette quête ne remet pas en cause les parents adoptifs, elle est simplement une réalité, qui survient souvent à l’adolescence. Dans mon association, nous sommes bien placés pour le savoir ! Il faut aussi être conscient que dans la tête d’un enfant, il y a une différence entre le parent biologique et le parent social."
Sources: LeMonde, LeMonde, LeMonde, LaCroix, Libération, Quoi,
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