Un peu de pédagogie sur les besoins spécifiques ne nuit pas, effectivement... la prise de conscience doit bien sûr encore se développer aussi bien chez les adoptants que dans le grand public, et la vulgarisation, en la matière, est intéressante car elle permet d'expliquer les choses au-delà du petit monde de l'adoption.
Ce qui me gène en revanche dans cet article, c'est que le journaliste a repris l'ensemble des éléments de l'AFA, sans les mettre en perspective ou les remettre en cause. D'autres opérateurs, comme MDM ou d'autres OAA, ou encore EFA, auraient pu être interviewés . Et les causes de cette évolution de l'adoption internationale vers toujours plus d'enfants à besoins spécifiques auraient pu être un peu recherchées, expliquées, et éventuellement reconsidérées.
Cet article donne ainsi la désagréable impression que les parents adoptants sont des gens "jamais contents", qui non seulement "arrachent" les enfants à leur pays d'origine mais qui, en plus, ne les veulent que "parfaits" ... Pente dangereuse, à mes yeux! Et gros cliché, donc... ou comment combattre un cliché par un autre.
Et tout ça "survend" probablement un peu l'AFA, au risque de générer des déceptions...
Et tout ça "survend" probablement un peu l'AFA, au risque de générer des déceptions...
"Deux adoptés sur trois via l'Agence française de l'adoption sont des enfants dits «particuliers».
Un bébé âgé de quelques mois, en pleine santé, abandonné à la naissance: un cliché dont nombre de candidats à l'adoption peinent à se détacher, comme s'ils rêvaient de pouvoir écrire leur histoire sur une page blanche. La réalité de l'adoption est tout autre, avertit l'Agence française de l'adoption (AFA). Elle vient de lancer une nouvelle campagne d'information destinée aux conseils généraux, aux travailleurs sociaux et aux futurs parents adoptifs. Les derniers chiffres de l'agence, qui a encadré près de 300 adoptions internationales en 2012, sont éloquents. 60 % de ces adoptés sont des enfants dits «à besoins spécifiques» ou autrement dit malades, curables ou incurables, handicapés, âgés de plus de 5 ans ou accompagnés d'une fratrie. Soit environ deux enfants sur trois. «Ce pourcentage augmente d'année en année», avertit la présidente de l'AFA, Isabelle Vasseur. Il n'était que de 28 % en 2009.
Paradoxe, ce sont ces enfants pour lesquels il est plus difficile de trouver une famille qui sont les plus facilement adoptables, et ce dans un contexte de baisse généralisée des chiffres de l'adoption internationale. Afin de faire passer le message, l'AFA a choisi de donner la parole à des familles adoptantes qui ont fait le choix de recueillir des enfants «particuliers» dans un documentaire de 52 minutes, Il était une fois… notre histoire.
Sans angélisme mais avec beaucoup d'émotion, elles racontent comment elles ont construit leur parcours, surmonté les difficultés, quels ont été leurs moments de découragement et de joie. Comme cette maman célibataire qui élève un petit garçon atteint d'une hépatite B. Ou ce couple qui a choisi de recueillir une fratrie d'enfants lettons et a peu à peu réussi à transformer un «bloc fraternel» en «bloc familial». Il y a aussi les adoptants qui acceptent de commencer une vie de famille avec enfant qui, à 13 ou 14 ans, n'en est plus vraiment un et qui amène tout son passé avec lui. «Je n'ai pas eu de coup de foudre, j'ai appris à les aimer», explique un adoptant. «Les familles se disent toujours qu'elles sont à part et que, pour elles, le rêve d'un enfant idéal va devenir réalité. Certains attendent sept ou huit ans… Pour certains, mieux vaut faire le deuil de leur projet. Il ne s'agit pas de décourager mais nous essayons d'avertir les candidats qu'il n'y a quasiment pas de nourrisson à adopter mais que l'adoption peut quand même être une belle histoire quand chacun se trouve», témoigne-t-on à l'AFA."
En complément, cette video d' Emmanuelle Ferblantier, volontaire internationale en charge de l'adoption pour l'ambassade de France en Inde, repérée par Bruno et son oeil de lynx, qui explicite parfaitement la démarche et le lien entre adoption internationale et protection de l'enfance, le tout en 1 minute chrono!
Tout ça n'est cependant pas nouveau, l'AFA avait déjà commencé à communiquer sur le sujet, plus timidement il est vrai (plus maladroitement, aussi ...), dès 2009: voir ici mon post de l'époque, et là, celui de Moushette, qui écrivait alors: " c'est bcp de travail en plus que les adoptions "simples" : il faut bcp communiquer avec les familles, les préparer, les accompagner, présenter en détail des dossiers médicaux solides (qu'il faut traduire of course !), réclamer des examens de santé complémentaires, QI et enquêtes psys lorsque c'est nécessaire, mettre en contact les familles avec des spécialistes..."
Et pour ça, l'AFA a évolué dans sa structure et son fonctionnement (recrutement de médecins, réunions de familles...), mais il reste encore beaucoup à faire ... et les résultats ne suivent pas (encore?).
Alors, la comm' est un moyen, certes, mais cela ne doit pas être le seul, et surtout, la comm' ne doit pas se substituer aux actions de fond... et notamment à la préparation des familles, qui en est en France, à ses balbutiements.
A l'inverse, et en perspective, la démarche très structurée de MDM autour des adoptions "complexes" , dont j'avais parlé dans un post ici, et que présente Geneviève André-Trévennec, responsable de la mission adoption, dans cette vidéo transmise par Bruno, elle aussi.
Edit du 17 novembre : lien vers le site de la présidente l'AFA, Isabelle Vasseur.
Sources: LeFigaro, FranceDiplotv
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