dimanche 15 mai 2011

L’histoire méconnue de l’adoption internationale en France

Le journal LaCroix a publié un article intéressant sur le bouquin d'un "professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Angers (Maine-et-Loire), Yves Denéchère. Son ouvrage, "Des enfants venus de loin"se présente comme la première synthèse sur l’histoire de l’adoption internationale en France." 
Je reproduis l'essentiel de  l'article ici, reprenant les grandes dates clés de l'évolution de l'adoption internationale en France. 
" Depuis les années 1960, plus de 100 000 enfants étrangers ont ainsi été adoptés, plaçant la France parmi les premiers pays d’accueil, juste derrière les États-Unis.
Tout commence en 1923, avec une loi autorisant l’adoption de mineurs. Jusqu’alors, le code civil de 1804 organisait l’adoption d’adultes par des adultes pour donner un héritier à une famille qui en était dépourvue. Désormais, il s’agit d’offrir une famille à un enfant qui n’en a pas. 
Le premier grand mouvement d’adoption internationale vers la France est largement méconnu. Il concerne, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs centaines d’enfants abandonnés par leur mère allemande et souvent non reconnus par leur père, soldat français. Recueillis dans des Kinderheime (orphelinats), ils étaient examinés par des médecins français, puis acheminés en France dans des pouponnières.
L’adoption d’enfants étrangers demeure cependant confidentielle. Elle est surtout l’œuvre de pionniers comme l’artiste Joséphine Baker (1906-1975), qui adoptera 12 enfants de nationalités, cultures et religions variées (Venezuela, Côte d’Ivoire, Corée…). Avec leur « tribu arc-en-ciel », l’artiste et son mari Jo Bouillon voulaient former une famille de toutes les couleurs, élevant chaque enfant dans le respect de ses origines et de sa religion.
Dans les années 1960, un autre mouvement d’adoption internationale peu connu apparaît : il concerne des centaines d’enfants québécois adoptés en France entre 1966 et 1972, période durant laquelle les établissements de prise en charge des enfants abandonnés de Québec et de Montréal prospectaient à l’étranger (États-Unis, Belgique, France).L’adoption internationale est encouragée par les congrégations religieuses qui gèrent des orphelinats dans le tiers-monde. Elle est alors considérée comme un acte de solidarité, rejoignant les préoccupations du secteur humanitaire naissant. Mais elle prend vraiment son essor dans les années 1970, au moment où le nombre d’enfants français adoptables diminue.
« D’une visée humanitaire, permettant de sauver définitivement un enfant de la guerre ou d’une catastrophe, l’adoption devient également une solution pour des couples en mal d’enfant », note l’historien.Dans les années 1980, le mouvement s’amplifie, notamment depuis l’Asie et l’Amérique latine. Suivront les pays d’Europe de l’Est et d’Afrique dans les années 1990. Les pays musulmans ne figurent pas parmi les pays sources de l’adoption, l’islam ne reconnaissant pas ce type de filiation.
Yves Dénéchère n’élude pas les difficultés et les dérives de certaines procédures. (...)Depuis la convention de La Haye, ratifiée par la France en 1998, l’adoption internationale est entrée dans une phase de régulation. Elle tend à diminuer au profit de l’adoption dans le pays d’origine, fortement encouragée. « Cette histoire reste à écrire, car la grande génération d’adoptés devient adulte, indique Yves Denéchère. Ils commencent à témoigner et devenir de plus en plus visibles. »
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2 commentaires:

  1. Merci pour cet article. maman d'une petite bouille du Vietnam, je ne connaissais pas toutes ces dates et informations. C'est une sujet qui me tient à coeur bien sûr !

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  2. De rien! C'est toujours un plaisir de partager des infos intéressantes ...

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