Dernière étape du tour du monde anglophone des semaines et mois de l'adoption, l'Australie, et sa semaine de la sensibilisation à l'adoption, en ce moment, du 11 au 17 novembre.
Cette semaine australienne est assez différente de la britannique et de l'américaine: elle est le fruit d'une association crée par une actrice adoptante, Deborah Lee-Furness (voir ici et là), et ne semble pas associée aux institutions gouvernementales en charge de l'adoption. Elle a l'air beaucoup plus polémique aussi, centrée sur les difficultés à adopter en Australie..."People say I'm an adoption advocate; I'm not," she says. "I'm a child advocate when adoption is right. Let's do it the best, most ethical way we can. And that means community development, trying to keep families together first." ("Les gens disent que je suis une partisane de l'adoption; je ne le suis pas, je suis un défenseur de l'enfant lorsque l'adoption est juste".)
J'ai donc demandé à Gemma, blogueuse australienne (voir ici), qui a adopté un adorable petit garçon thaï il y a un an et avec qui je corresponds très régulièrement, de nous expliquer tout ça, et elle nous a rédigé un super témoignage pour nous expliquer comment l'adoption fonctionne là-bas. Moi, j'ai découvert et appris plein de choses sur l'histoire de l'adoption en Australie, et sur la situation actuelle dans ce pays d'accueil. C'est passionnant!!
"L'adoption en Australie est compliquée à bien des égards du fait du système de gouvernement; nous avons un gouvernement fédéral, mais aussi les gouvernements des États, chaque gouvernement d'État ayant des lois sur l'adoption différentes. En ce qui concerne l'adoption internationale, le bureau du procureur général du gouvernement fédéral a la responsabilité de la gestion des accords d'adoption internationale avec les autres pays. En revanche, les démarches d'adoption des familles sont administrées en vertu de la législation de l'État dans lequel les adoptants résident.
L'adoption en Australie est gérée par les ministères, et non par des entreprises privées.
L'adoption en Australie a une histoire très sombre, et je crois que cela a un impact sur la façon dont l'adoption est considérée en Australie en 2012. Trois points majeurs de l'histoire australienne de l'adoption me viennent à l'esprit, à commencer par ce qu'on a ensuite appelé les «générations volées». En vertu des actes du parlement national, les enfants d' autochtones et les enfants métis (autochtones / blanc) ont été enlevés de force à leurs familles, sur une période d'environ 100 ans, en commençant dans les années 1860. Il y a de nombreuses raisons qui ont été données pour expliquer pourquoi cela a été fait à l'époque, mais la raison la plus couramment avancée était la protection des enfants; toutefois, les gouvernements de l'époque ont souvent enlevé ces enfants à leurs familles sans preuve d'abus ou de négligence. Le débat sur les «générations volées» est complexe et serait une trop longue discussion pour ce billet de blog. Toutefois, comme point de départ si vous voulez en apprendre plus, le film de 2002 "Rabbit Proof Fence" plante le décor. Le Parlement fédéral australien a fait des excuses à la "génération volée" le 13 Février 2008, , ce qui a souvent été considéré avec extrêmmement tardif, formulant ainsi des excuses pour les erreurs des gouvernements précédents, mais déclarant également: «Nous profitons aujourd'hui de ce premier pas vers la reconnaissance de notre passé pour prétendre à un avenir où ce parlement décide que les injustices du passé ne doivent jamais, jamais se reproduire. "
La cicatrice suivante dans l'histoire australienne de l'adoption est liée au fait d'avoir été une colonie britannique. Connus sous l'appellation «Home Children» , ces évènements ont aussi une histoire longue et complexe, couvrant environ 350 ans, pendant lesquels les enfants pauvres ou orphelins britanniques ont été envoyés dans les colonies britanniques, d'abord pour aider à la pénurie de main-d'œuvre dans les colonies, et plus tard dans les années 1800, ce programme a évolué pour devenir quelque chose de différent, mais, fondamentalement, la migration des enfants est restée la même, était maintenant considérée comme fournissant aux orphelins et aux enfants abandonnés de meilleures opportunités dans les colonies, y compris l'éducation dans les écoles agricoles. Ce type de migration d'enfant ne s'est pas terminé avant les années 1960.
Dans les années 1920 à 1960, il a été publiquement estimé que ces «enfants migrants» étaient orphelins, mais une enquête menée par les Britanniques, commencée en 1987 par la travailleuse sociale Margaret Humphries, a découvert que beaucoup de ces enfants n'étaient pas orphelins et que de nombreux parents ne savaient pas ce qui était arrivé à leurs enfants: étant dans des foyers de soins britanniques, beaucoup ont supposé que leurs enfants avaient été adoptés à l'etranger, et n'avait aucune idée s'ils avaient été envoyés en Australie pour le travail agricole ou pour augmenter la population de l'Australie. Certains de ces «Home Children» ont été adoptés, mais une grande partie d'entre eux a été négligée et maltraitée dans des institutions. L'enquête parlementaire britannique de 1998 a exposé le fait que de nombreux enfants de migrants avaient subi des sévices horribles de la part des institutions religieuses en Australie. En Février 2010, le gouvernement britannique a présenté des excuses formelles pour ce "honteux" programme de "réinstallation" des enfants. Le Sénat australien a aussi enquêté sur ces enfants migrants, et a également examiné l'ensemble du groupe connu sous le nom de "Forgotten Australians", soit environ 500.000 enfants élevés dans des orphelinats et autres institutions similaires, y compris les "Home Children": jusqu'au début des années 1990, ils ont subis de nombreux abus, dont des abus sexuels et le travail esclave. L'Australie a officiellement fait ses excuses à ces "Australiens oubliés", le 16 Novembre 2009. Voir le lien vers le site forgotten australians .