dimanche 30 septembre 2012

Thaïlande: commission de réconciliation


La Commission Vérité et Réconciliation a rendu public mi-septembre,  son rapport final sur les manifestations anti-gouvernementales d’avril et de mai 2010 à Bangkok, lors desquelles au moins 92 personnes ont péri. La Commission estime que les torts sont partagés entre le gouvernement d'alors et l'opposition, incarnée par les "Chemises rouges". Les deux parties sont d'accord, au moins pour condamner ces conclusions…Sunai Phasuk, chercheur à l’organisation Human Rights Watch, a loué les travaux de la Commission : « This is the first report in modern Thai political history that investigates violence from all sides ». D’autres au contraire, ont estimé que le rapport était ambigu, n’assignant pas de responsabilité précise pour les actes criminels.

"Cela peut surprendre, d'autant que ce rapport confirme ce que le Pheu Thai n'a cessé de répéter, à savoir que l'exaspération de l'armée et les erreurs de jugement de l'ancien gouvernement Abhisit ont contribué au bain de sang de 2010. (...) De nombreux leaders des chemises rouges cependant perçoivent ce qui échappe à beaucoup d'autres : le fait que la TRCT "rejetterait la faute" sur les manifestants tués ou blessés. Leur ressentiment est compréhensible. La confirmation de l'existence d'agents infiltrés vient infirmer la thèse des chemises rouges selon laquelle leurs manifestations de plusieurs semaines à Bangkok entre mars et mai 2010, pendant lesquelles d'importants quartiers d'affaires ont été assiégés, étaient pacifiques. La commission affirme que le gouvernement Abhisit a eu tort de faire appel à l'armée pour contenir le soulèvement populaire, mais laisse nettement penser que les éléments anti-gouvernementaux étaient armés et cherchaient la provocation.
Si le Pheu Thai lui a réservé un tollé, les démocrates [principal parti d'oposition, de l'ancien Premier ministre Abhisit] et l'armée ne sont pas en reste. Une fois encore, la raison est simple : ce rapport accuse tout le monde, et dans la crise politique actuelle, personne ne tient à être montré du doigt.

L'ancien procureur général Kanit Nanakorn, président de cette commission Vérité pour la réconciliation, a estimé que Thaksin, qui demeure aujourd'hui encore la personnalité centrale de la politique nationale, devrait renoncer à revenir en politique dans son pays."Une Thaïlande paisible dépend du sacrifice de Thaksin Shinawatra, qui devrait renoncer à son rôle en politique", a-t-il souligné dans une déclaration publiée à l'occasion du lancement du rapport final de sa commission sur la crise du printemps 2010.
La commission pense que la société thaïlandaise dans son ensemble devrait prendre du recul et se rappeler les dommages que ce fossé social a causés au fil des années, et les incidents violents du passé devraient servir de leçon, a souligné le rapport.
Parmi ses recommandations, la commission a appelé l'armée et ses dirigeants à être neutres et ne pas s'impliquer en politique, ne pas mener de coup d'Etat, dans un pays qui a connu 18 putschs ou tentatives de putsch depuis 1932.

La nomination de Kanit à la tête de cette commission avait été décidée par le précédent gouvernement anti-Thaksin et accueilli par une salve de critiques des chemises rouges.
Mais Yingluck, qui a remporté les élections de juillet 2011, avait décidé de la maintenir en place. Et la commission de Kanit, juriste respecté, a depuis fait montre d'une certaine indépendance d'esprit.
Elle a ainsi répété ses appels à une réforme de la très sensible loi de lèse-majesté, qui protège l'image de la monarchie par de lourdes peines de prison. De nombreuses organisations estiment que cette loi est utilisée comme arme de répression politique par les élites de Bangkok.
La commission aborde ensuite une autre question essentielle, reprochant ouvertement à l'actuel gouvernement Yingluck d'avoir, fort de sa majorité, fait adopter en urgence par le Parlement des amendements à la Constitution afin de mettre en place un programme "d'amnistie" contestable. La TRCT fait valoir que la "réconciliation" ne saurait être imposée par un camp qui contrôle la majorité parlementaire à un pays divisé. Selon la commission, faire passer des changements très impopulaires "au nom de la réconciliation" pourrait avoir pour effet d'aggraver les querelles politiques."

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