lundi 7 février 2011

les combats se poursuivent

Aujourd'hui, on est passé d'affrontements sporadiques à de véritables "combats". Selon CourrierInternational, "les combats entre militaires cambodgiens et thaïlandais postés aux abords du temple de Preah Vihear ont repris le 7 février pour la quatrième journée consécutive. "Aggravation de la crise frontalière", titre le Phnom Penh Post. Les tirs d'artillerie ont fait au moins six morts. Le Premier ministre cambodgien Hun Sen en appelé à une médiation des Nations unies." Voir aussi RFI
Mais CourrierInternational publie aussi un article très interessant, qui va un peu au-delà des faits terribles, et fournit des explications à cette incroyable situation. "En apparence, les combats qui font rage aujourd'hui entre la Thaïlande et le Cambodge semblent découler d'un conflit entre les deux pays. Mais, lorsqu'on creuse un peu, on s'aperçoit qu'ils résultent d'une lutte de pouvoir sur la scène politique intérieure thaïlandaise, plus précisément entre le gouvernement démocrate et l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD) [connue également sous le nom de "chemises jaunes"]. Incontestablement, une scission traverse à présent ce camp. La PAD se sert du contentieux frontalier dans le but manifeste de fragiliser le gouvernement d'Abhisit Vejjajiva. (...)

"Mais depuis qu'il a formé un gouvernement, fin 2008, à la suite d'un accord négocié en coulisse par l'armée, le Parti démocrate a progressivement pris ses distances avec son ancien allié en vue de se doter d'une image de neutralité politique. Les "chemises jaunes" l'ont très mal pris : elles estiment avoir aidé le Parti démocrate à accéder au pouvoir mais sans avoir été récompensées en retour par le gouvernement Abhisit. Dans la perspective d'élections législatives anticipées, peut-être au cours du premier semestre 2011, la PAD espère tirer parti des affrontements actuels pour revenir sur le devant de la scène et renforcer sa base à Bangkok. En juin 2009, elle a cessé d'être un simple groupe de pression pour se muer en parti, celui de la "nouvelle politique". Mais, très vite, le mouvement a été relégué à l'arrière-plan. Désormais, sa tactique pour attirer de nouveau l'attention de l'opinion publique semble porter ses fruits. Elle organise des manifestations aux abords du siège du gouvernement [elle y a même installé un campement], tout en appelant le Premier ministre à se montrer plus ferme avec le Cambodge et à exiger que Phnom Penh libère les deux prisonniers thaïlandais [issus de la mouvance des "chemises jaunes" et condamnés, le 1er février, à six et huit ans de prison pour espionnage par la justice cambodgienne]."
"La brouille entre les deux groupes royalistes inquiète l'establishment traditionnel qui, à l'heure du crépuscule du règne de Bhumibol Adulyadej [hospitalisé depuis septembre 2009], aspire à un rapprochement, bien plus qu'à un éclatement, des différents acteurs politiques. Une division accrue n'aurait d'autre effet que d'affaiblir encore le pouvoir en place et de permettre à ses adversaires - dans l'opposition parlementaire comme chez les "chemises rouges" - de prendre le dessus dans la crise politique que traverse le pays. Une perspective qui ne manque pas d'inquiéter la hiérarchie militaire. Si bien que, récemment, les rumeurs de l'imminence d'un coup d'Etat y sont allées de plus belle à Bangkok. Si la situation devenait incontrôlable, une nouvelle intervention de l'armée pour sortir le pays de l'impasse serait envisageable. Le chef de l'armée thaïlandaise, le général Prayuth Chan-ocha, a, dit-on, évoqué un putsch comme une option attrayante dans le cas où la situation deviendrait incontrôlable. Si ces rumeurs venaient à se concrétiser, les Thaïlandais devraient se préparer à endurer de nouvelles batailles politiques et, plus certainement encore, une débauche de violences."


Sombres perspectives...

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