vendredi 8 avril 2011

J'ai lu "Messages de mères inconnues"

J'ai fini "Messages de mères inconnues" peu avant de partir en vacances et n'avais pas pris le temps de vous donner mon avis sur ce bouquin.
D'abord j'ai aimé ces différentes histoires, qui sont autant de nouvelles qui dressent le portrait de "mères inconnues" mais aussi d'une certaine Chine. On découvre aussi bien les campagnes reculées que les villes industrieuses, le poids de la tradition aussi, qui est l'explication principale avancée par l'auteure. En effet, au-delà de la politique de l'enfant unique, aux conséquences bien connues, j'ai par exemple découvert que des pratiques ancestrales perduraient dans les campagnes: on ne donnait de nouvelles terres aux familles que pour un nouveau-né garçon, une fille devenant donc une nouvelle bouche à nourrir sans nourriture supplémentaire... Ces mères ont été contraintes d’abandonner leurs filles, de les donner en adoption ou même de les tuer, ou de les voir tuées. Les raisons de l'abandon apparaissent au fur et à mesure des histoires, même si elles sont souvent communes: pauvreté, conditions de vie trop dure pour les femmes, pression familiale, absence d’éducation sexuelle, espoir d’une vie meilleure pour son enfant dans un pays plus développé...

Il en ressort bien sûr, et ce n'est pas une surprise, à la fois un grand désarroi, très poignant, mais aussi beaucoup d'amour, très bouleversant. C'est finalement un bouquin émouvant, mais aussi, d'une certaine manière, "rassurant": les mères "abandonnantes" ne sont pas des monstres; elles agissent par amour pour leur enfant, même si elles sont dévastées par le chagrin. Et c'est sûrement vrai dans l'écrasante majorité des cas. De quoi répondre aux petites filles chinoises, adoptées en Occident, qui se demandent : « Pourquoi ma maman chinoise n’a pas voulu de moi ? ». 
Mais ces histoires sont toutes très semblables.... dans les sentiments des mères. Aucun portrait de "monstre" que serait une mère indifférente ou encore violente... alors que ça doit bien exister, malheureusement, même à la marge ? L'auteure a choisi de ne pas raconter ces histoires-là, en tous cas... et c'est finalement sûrement mieux ainsi, le livre étant clairement destiné aux petites filles chinoises adoptées en Europe et aux USA.
Je ne sais pas si toutes ces histoires sont réelles tellement elles sont fortes, voire violentes... mais ces dix témoignages révèlent la complexité des sentiments et des évènements qui conduisent à cette décision tragique d'abandonner son enfant. La douleur, la détresse, sont extrêmement palpables et touchantes, comme le regret, la honte, le chagrin, la tristesse ressentis par ces femmes, qui, pour la plupart, en se confiant à l'auteure, parlaient pour la première fois de cet abandon. Surtout, la pérennité du sentiment des mères pour leur enfant perdu est particulièrement bouleversante et crée une empathie forte. C'est plusieurs fois les larmes aux yeux ou la gorge nouée que j'ai dû cesser momentanément la lecture...
Ce livre d'ailleurs fait étrangement écho aux articles publiés récemment sur le manque actuel de filles ... en Inde (voir chez Moushette).  Pays où les raisons qui poussent les familles / les mères à avorter ou à  abandonner leurs filles sont visiblement très semblables... et sont un sujet d'actualité.
    
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5 commentaires:

  1. sur que c'est un livre émouvant qui raconte des histoires vraies.
    mais, bien que l'auteure soit chinoise je le trouve très ethnocentré. je doute qu'on puisse généraliser à toutes les mères.

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  2. Moi j'ai eu du mal avec ce bouquin. Au début j'ai bien accrochée, prise par l'émotion, puis petit à petit je l'ai trouvé vraiement "too much" ! A lire son livre, on a l'impresion que toute ces femmes qui ont abandonné une fille, ont passé le reste de leur vie malheureuse et incapables d'avancer dans la vie. Vu le métier de l'auteure, genre psy-radio, il était normal que les femmes qui se confiaient à elle allaient mal. Mais peut on le généraliser à toutes les femmes qui ont abandonné leur fille ? Beaucoup ne sont pas rongées par la culpabilité et avancent dans leur vie malgré tout, sans regarder en arrière. Et celles là n'ont pas besoin d'aller causer à la psy de la radio pour aller mieux, alors elles ne sont pas du tout représentés dans ce livre.

    J'ai aussi trouvé peu crédible son côté "je tombe toujours sur des foeticides et des abandons". A croire qu'on marchait sur les bébés filles partout dans les rues !

    Bref ce bouquin j'ai trouvé trop "one side oriented". Un peu comme les psys à la PLS qui généralisent tous les adoptés aux enfants qui arrivent dans leur cabinet et qui vont mal. En oubliant la majorité silencieuse.

    Malgré tout j'ai aimé certains témoignages très concrets, qui permettentent de mieux comprendre ces familles contraintes à l'abandon.

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  3. Oooo ça me déchire le coeur rien que d'y penser...

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  4. J'ai trouvé ce livre intéressant, mais certainement trop subjectif et orienté dans le sens que veut son auteure...

    D'acc' avec Olympe et Moushette : intéressant mais trop ethnocentré et non généralisable...

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  5. @Olympe et @Moushette: eh oui, le ressort est le même dans les 10 histoires: le poids de la tradition... ça fait un peu accumulation ,et c'est ça aussi, je pense, qui donne cette impression "ethnocentrée" et "one side oriented" !
    @Clara: oui, ce bouquin est par moment absolument déchirant...il donne un éclairage, certes imparfait, mais qui peut permettre de commencer à comprendre, sans juger...

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