Les "chemises rouges" et "chemises jaunes", qui s'affrontent depuis trois ans dans la rue et sur l'échiquier politique thaïlandais, se sont livré une bataille à distance samedi avec des manifestations croisées à Bangkok et à la frontière cambodgienne. Les autorités se méfiaient surtout des "rouges", mais les violences sont finalement venues des "jaunes"
Les "rouges", favorables à l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, étaient 26.000 dans le centre historique de Bangkok, selon la police, pour commémorer le 3e anniversaire du coup d'Etat contre leur leader aujourd'hui en exil, et réclamer le départ du Premier ministre, Abhisit Vejjajiva.
Ce dernier avait fait appel à environ 9.000 soldats et policiers pour protéger les bâtiments-clés du pouvoir.
Une manifestation des "rouges" avait dégénéré en avril dernier, provoquant la mort de deux personnes, mais cette fois, ils avaient promis un rassemblement pacifique. Dans une intervention par vidéo-conférence, donnée en milieu de soirée, Thaksin a fait le bilan des trois dernières années (voir détails plus bas). Il aussi une nouvelle fois appelé à la "réconciliation nationale", demandant aux forces politiques "de se tourner les unes vers les autres" pour éviter que le pays, en grandes difficultés sur le plan économique, ne sombre dans l'échec. Vers minuit, après une manifestation festive "à la thaïe", la foule a commencé à se disperser tranquillement.
Malgré les violences, l’armée accorde des faveurs au PAD
A 500 kilomètres de là, quelque 5.000 membres de l'Alliance du peuple pour la démocratie (PAD), ou "chemises jaunes", ont tenté quant à eux d'accéder au temple de Preah Vihear (nord-est), dans une zone disputée par la Thaïlande et le Cambodge, où les dernières tensions en avril avaient fait au moins deux morts et dix blessés entre soldats des deux pays. Les manifestants entendaient affirmer la souveraineté thaïlandaise sur cet espace de 4,6 km2 en dénonçant l’installation de villageois khmers et en fustigeant l’inertie du gouvernement dans cette affaire.
Des dizaines de personnes ont été blessées au cours de ce rassemblement dont au moins 20 hospitalisées, après des affrontements entre villageois et protestataires, à quelques kilomètres du site. Les autorités voulaient empêcher les "jaunes" d'accéder à ce temple du XIe siècle de peur de relancer avec Phnom Penh des tensions qui ont éclaté en juillet 2008, lorsque le monument avait été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
A la nuit tombée, un accord a pu mettre fin à la manifestation, selon lequel 30 manifestants pourraient lire le lendemain une déclaration à proximité du temple. Cet accord a été critiqué par Thaksin dans son allocution nocturne. Ce dernier a souligné l’indulgence inégale accordée à ce groupe qui a enfreint la loi l’an dernier et causé de graves dommages au pays en bloquant les aéroports de la capitale, sans pour autant avoir eu à répondre de ses actes devant la justice.
Crise politique sans fin
Après plusieurs mois de turbulences suscitées par les "chemises jaunes" contre les abus de pouvoirs de Thaksin Shinawatra, le coup d'Etat du 19 septembre 2006 a vu la Thaïlande basculer dans une crise politique sans fin, chaque camp tentant depuis de renverser dans la rue le gouvernement issu de la coalition adverse.
Abhisit devait quitter le pays hier pour assister à l'Assemblée générale des Nations unies, une situation qui rappelle celle de Thaksin en 2006, renversé par le coup d'Etat alors qu'il était précisément à l'ONU.
Le puissant chef de l'armée de terre, Anupong Paojinda, a dû démentir vendredi les rumeurs de coup d'Etat contre l'actuel chef du gouvernement.
Abhisit a vu sa position politique très affaiblie depuis plusieurs semaines par une controverse au sein de son propre camp sur la nomination d'un nouveau chef de la police. La décision a finalement été reportée sine die. Lire aussi notre rappel complet des principaux faits depuis 2006
Source: lepetitjournal.com
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