mercredi 30 décembre 2009

Babyklappen

Etrange d'avoir choisi le 25 décembre pour publier cet article sur les boîtes à bébé...  Pratique très répandue semble-t-il dans le monde entier, prioritairement dans les pays en voie de développement, mais pas seulement... Il y en a notamment en Inde, en Afrique (plusieurs posts sur ce sujet dans les blogs de JV De Monléon et de Moushette)
Source:  LeMonde

"En Allemagne, polémique autour des "boîtes à bébés" qui recueillent les nourrissons abandonnés

Une allée dérobée contourne l'hôpital Waldfriede, à Zehlendorf, un quartier résidentiel de l'ouest de Berlin. Ici et là, quelques arbustes ont été plantés pour protéger des regards indiscrets. Une pancarte fléchée montre le chemin : "Babywiege" ("berceau"). Encastré dans un mur du bâtiment A, le "berceau" est un gros coffre métallique muni d'une poignée. Une "boîte à bébés" ("babyklappe"), comme disent les Allemands, où les mères en détresse peuvent déposer leur nourrisson non désiré en gardant l'anonymat.
Tapissé d'un molleton aux couleurs vives, l'intérieur est chauffé à 37 °C. Il est pourvu d'une mini-caméra et d'une alarme qui retentit au bout de trente secondes pour alerter le personnel de la maternité de la présence d'un enfant. Une lettre cachetée, "A emporter", est adressée aux mamans. "On leur dit que nous sommes contents qu'elles aient laissé leur nouveau-né ici, en sécurité, et qu'elles peuvent revenir le chercher si elles changent d'avis", explique la pasteure Gabriele Stangl, qui soutient le projet depuis sa création.
Le système existe depuis bientôt dix ans en Allemagne, mais il continue de diviser l'opinion. Fin novembre, le Conseil national de l'éthique a ravivé la controverse en recommandant de supprimer les quelque 80 boîtes à bébés qui existent à travers le pays. Celles-ci sont "éthiquement et juridiquement problématiques, a estimé ce comité de scientifiques, chercheurs et politiques, chargé de conseiller les pouvoirs publics. Elles portent atteinte au droit de l'enfant à connaître ses origines." Un droit inscrit en toutes lettres dans la Loi fondamentale allemande. "On n'imagine pas le traumatisme et la douleur ressentis par ces enfants, à la fois abandonnés par leurs parents et privés complètement de leur identité", affirme Irmela Wiemann, psychologue spécialiste de l'adoption, qui a participé aux délibérations du Conseil de l'éthique.
Les experts assurent que les mères utilisant cette solution ne sont pas de celles qui tuent leur bébé. La preuve ? Le nombre de nouveau-nés retrouvés morts n'a pas régressé d'un iota depuis l'introduction du système. "Mais pour un infanticide découvert, combien ne seront jamais connus ? interroge Gabriele Stangl. Et quand bien même nous n'aurions sauvé qu'une vie en dix ans, cela aurait valu la peine."
La première boîte à bébés a ouvert en 2000 à Hambourg, après la découverte du corps d'un nourrisson dans une benne à ordures. Depuis, le modèle a fait école au-delà des frontières allemandes ; en Autriche, en Suisse, en Hongrie, en Italie et jusqu'au Japon. Le mécanisme est calqué sur une pratique d'abandon qui remonte au Moyen Age. Au XIIe siècle, le pape Innocent III avait ordonné l'installation de "tourniquets" dans les orphelinats.
A l'hôpital Waldfriede, quelque 130 enfants ont été déposés en neuf ans. Les nouveau-nés sont immédiatement signalés à l'état civil et aux services responsables des adoptions. "Nous espérons toujours que les mères repassent pour laisser une lettre, des photos, ou même récupérer leur petit", confie Mme Stangl, dont le bureau est orné de photos de bébés endormis. Le système leur donne huit semaines pour se rétracter, voire un an pour faire valoir leurs droits. Les empreintes ADN sont relevées sur le corps du nourrisson afin d'éviter toute ambiguïté. Mais, au total, selon la pasteure, à peine une mère sur dix revient sur sa décision.
Juridiquement, les boîtes à bébés bénéficient d'une "zone grise". Aucune loi ne les autorise ni ne les prohibe expressément. L'accouchement "sous X", comme en France, est en revanche interdit. Mais un certain nombre de cliniques et d'hôpitaux le pratiquent malgré tout, invoquant l'obligation de porter assistance à personne en danger. Inquiets de devoir agir dans l'illégalité, de plus en plus de médecins appellent à légiférer.
"Pour les cas, où c'est absolument nécessaire, il faut légaliser ces deux pratiques", estime Monika Lazar, chargée de la politique de la femme au groupe parlementaire des Verts. La branche berlinoise de son parti avait lancé, mi-2007, une campagne très remarquée en faveur des babyklappe : "Avant que les bébés ne soient jetés à la poubelle", clamaient les affiches placardées sur les murs de la capitale. "Mais même chez les Verts, les opinions sont très partagées, comme dans tous les autres partis", fait remarquer la députée écologiste, qui prédit "un débat sur ce sujet sera long et difficile".
Dans son contrat de coalition, le nouveau gouvernement de centre-droit indique vouloir se saisir du débat. L'une des pistes privilégiées est la légalisation de l'accouchement "discret", et non pas "sous X". Cette solution permet à la mère d'être prise en charge en milieu médicalisé. Ses données personnelles sont conservées, et éventuellement restituées à l'enfant au bout d'un temps et d'une procédure déterminés. "
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