samedi 12 décembre 2009

Des structures réservées à la post-adoption ?

Dans son numéro ce jour, LaCroix publie un important article sur l'adoption, en donnant largement la parole aux adoptés; ce qui est un angle un peu novateur sur le sujet.
Mais comme le site n'est accessible que pour les articles du  jour, je me permets ici de  reproduire les trois articles in extenso, un post pour chacun.


"Céline Giraud : « Il faudrait des structures réservées à la post-adoption »
Céline Giraud revient sur la place et les attentes des adoptés en France
La Croix. Quel est l’apport des adoptés en France sur les questions liées à l’adoption nationale et internationale ?
Céline Giraud : L’essentiel se fait dans leurs interventions auprès des parents adoptifs. Les professionnels apportent de leur côté beaucoup de chiffres, de notions, de données psychologiques, mais les adoptés apportent leur vécu. Cela permet aux parents adoptifs de s’identifier à une expérience concrète plus qu’à des statistiques, parce qu’ils se projettent, eux et leur enfant, dans nos témoignages et nos ressentis. Aujourd’hui, La Voix des adoptés s’est également aperçue qu’elle était capable d’apporter une analyse à partir des expériences ; un point de vue complémentaire qui intéresse aussi bien les associations que le service de l’adoption internationale. On peut aussi faire bouger les lignes sur certains sujets, tels que la recherche des origines ou encore le trafic d’enfants, dont je suis moi-même issue et qui demeure encore tabou.
Quelles évolutions constatez-vous concernant la recherche des origines dans les familles adoptives et chez les adoptés eux-mêmes ?
Il y a cinquante ans, être adopté restait quelque chose d’un peu honteux : toute une génération dans les années 1950 a ainsi vécu sous le sceau du secret, voire du mensonge. Aujourd’hui, c’est une énorme évolution que l’on connaît : on doit pouvoir en parler en famille, accepter cette éventualité de la recherche des origines… Mais cette évolution n’est pas terminée. Il y a encore beaucoup de parents dépositaires d’une histoire qu’ils jugent nécessaire ou pas de retransmettre à leur enfant. En même temps, tous les professionnels, les associations et les instances officielles vont dans le sens de l’intérêt premier de l’enfant et de l’accès à ses origines s’il le désire. Or, les parents adoptifs agissent beaucoup en fonction de ce qu’ils entendent au moment où ils adoptent. Actuellement, ils sont beaucoup moins démunis et peuvent profiter de nombreux points d’information, des maisons de l’adoption, des espaces adoption ou d’Internet…
Internet, justement, vient-il bouleverser la manière d’enquêter sur ses origines ?
Le recours à Internet se développe en effet depuis plusieurs années, mais il y a un revers à la médaille. Les sites ou réseaux sociaux comme Facebook sont si nombreux que c’est devenu un moyen de recherche, notamment pour des adolescents. On a des retrouvailles par Internet. Mais cela peut être dangereux, surtout sur le plan psychologique pour une personne isolée par exemple, car les informations tombent d’un coup. Alors que l’accompagnement dans ces moments est fondamental. Il ne faut pas oublier que si l’on a été adopté, c’est souvent parce qu’on venait d’une famille malheureuse, qu’il y a tout un lot d’histoires douloureuses derrière ; et la découverte de la vérité peut être violente, encore plus à l’époque si fragilisante de l’adolescence. On déconseille d’ailleurs assez souvent les recherches à l’adolescence, en proposant des alternatives comme la possibilité d’être parrainé par un adulte adopté.
Un projet de réforme de l’adoption est en cours. Quelles sont les améliorations qui s’imposent, selon vous ?
La grande réforme prévue à la suite du rapport Colombani a trait surtout aux démarches de l’adoption. Elle a le souci de l’accompagnement des parents, mais elle porte très peu sur la post-adoption. Ce sujet est bien trop peu abordé. Une fois que les enfants sont arrivés dans leur famille adoptive, il leur reste tout un chemin à parcourir. Les questions peuvent venir très tard, même soixante ans après. Ce n’est pas encore acquis chez les acteurs du monde de l’adoption... Les associations font déjà un très bon travail, mais n’ont pas les moyens d’aller suffisamment loin. Il faudrait des structures réservées à la post-adoption, comme il en existe en Espagne dans toutes les régions, ouvertes à tout âge et sans délai d’attente. Il s’y déroule des groupes de parole, des ateliers, des suivis personnalisés ou encore des thérapies familiales, et c’est cela qui manque encore en France."
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2 commentaires:

  1. Tout d'abord, si l'adoption dans les année 50 et 60 était tabou, c'est parcequ'il y avait eu beaucoup de "choses troubles" pendant la guerre.
    Aujourd'hui, l'adoption n'a rien à voir avec les évènements vécus pendant la guerre.
    La Voix des Adoptés est certes une association intéressante, mais elle est surtout faite pour les enfants qui ont mal vécu l'adoption. Aussi, cette association n'est pas pour moi une référence.
    Pour que les enfants aillent bien, suite à leur adoption, je pense que, au lieu de les persuader que la recherche des origines est indispensable à leur bien être et à la construction de leur identité, il faudrait leur expliquer que l'adoption est une vraie famille et que l'identité n'est pas une question de gènes. Il faudrait d'abord changer les mentalités au lieu de faire l'apologie de la primauté des liens de sang. Je sais que des enfants ont besoin de connaître toutes leurs origines, mais ce n'est pas une généralité. Les problèmes d'identité ne sont pas le fait des adoptions. Ce se trouve aussi dans les familles biologiques. Mais je trouve qu'il y a un acharnement à vouloir faire croire le contraire.

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  2. Il y a quelques chose qui me dérange dans l'article de Céline Giraud. Certes, elle a été adoptée (et issue d'un trafic d'enfants). Mais, imposer des structures post-adoption me paraît être une intrusion une ingérence dans les familles. J'ai aussi l'impression qu'on essaie de généraliser le besoin de recherche des origines de quelques uns à l'ensemble des enfants adoptés. Pourquoi devrait-on préparer les parents adoptifs ou les convaincre de la nécessité d'une recherche des origines ? Cela nous regarde ! Comme tout parent, nous n'avons pas de compte à rendre.
    C'est ça qui me dérange. Car pour moi, la recherche des origines n'est pas une nécessité, un besoin ou une obligation. Personne a à s'immiscer dans les relations que les parents peuvent avoir avec leurs enfants.
    On voudrait nous persuader que toutes les familles adoptives seront tout ou tard confrontées obligatoirement aux problèmes de recherches des origines. Il faudrait se préparer à assister à des ateliers, groupes de paroles, etc. !
    Je me méfie du travail des associations. Je garde des réserves. Si travail il y a c'est de faire d'abord comprendre aux enfants que les familles adoptives sont légitimement des vraies familles et que les gènes n'ont pas la primauté et ne prédéterminent pas un être humain pour toute la vie. On est victime souvent (sauf cas extrême) que parce que l'on le veut bien. Nous sommes constructeurs de notre propres existence. C'est ça que l'on devrait dire aux enfants !

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