Journée Elisabeth Rousseau: retours et impressions

Vendredi, donc, je me suis propulsée jusqu'à Dijon à la première Journée Elisabeth Rousseau "Et si on parlait d'adoption?".  Enfin, dès jeudi soir plus exactement,  où j'ai sauté dans un TGV vers 20h30 pour arriver à mon hotel à 22h. Autant vous dire que je ne vous parlerai pas beaucoup de Dijon - même pas eu le temps de rapporter un pot de moutarde!! Bon en même temps, on en a aussi à Orléans, de la moutarde....

Bon pied bon oeil, dès le vendredi matin j'arrive donc au Conseil Général après un petit quart d'heure de marche à pied bien revigorante, vu le froid juste glacial. 

La journée s'est déroulée dans une atmosphère sympa et détendue, grâce à des organisateurs hyper-motivés (la JCE) et des intervenants pour la plupart efficaces et intéressants, et des auditeurs attentifs.

J'ai beaucoup apprécié les termes utilisés par le président de la JCE dans son introduction: la réunion de gens "non pas concernés par l'adoption, mais impliqués dans l'adoption". C'était non seulement juste, mais c'est surtout ce qui fait toute la différence à mes yeux!  

Cette Journée, première du nom, et selon les souhaits de JVM et des organisateurs, première d'une longue série à venir de Journée Nationale de l'Adoption (avec recueil de signatures à l'appui), a tout d'abord le grand mérite d'exister. Et ce serait effectivement bien de la pérenniser. Je crois en effet important et nécessaire que les experts, les spécialistes, les acteurs "impliqués" dans l'adoption, investissent le territoire de l'information, de la réflexion, et de la proposition afin de ne pas laisser la seule émotion/effervescence médiatique comme mode d'information / de communication  sur l'adoption (comme l'a évoqué l'un des intervenants, mais je ne sais plus lequel!). Il faut vraiment faire de l'adoption un sujet et pas seulement un ensemble de faits divers. 

Dans cet alléchant programme, mes préférences sont allées, dans l'ordre d 'apparition,  à :

- l'intervention, le matin de Julien Pierron: jeune médecin généraliste qui nous a présenté sa thèse ,en l'occurence une étude statistique des   patients de JVM de 1999 à 2006, ainsi que quelques éléments historiques sur l'adoption. J'y reviendrai dans un billet spécifique, car j'ai beaucoup appris, j'ai aimé son approche, son "angle" et surtout son ton à la fois précis , décontracté et suffisamment humoristique (voir son blog ici).

- l'intervention, l'après midi de l'Ambassadeur Monchau. C'est un homme sympathique, qui m'est apparu impliqué, pragmatique et  particulièrement volontariste. Réaliste aussi dans son approche, très conscient du rang, du rôle et des intérêts de la France (normal pour un diplomate, me direz-vous)  et en même temps  soucieux des familles, du sort des enfants. Humain. Une intervention hyper-interessante sur la méthode de travail du SAI, sur la stratégie du SAI et de la France en matière d'adoption, un bon éclairage des actions de coopération,  le tout complété par un commentaire approfondi des résultats 2010. Son leitmotiv: des adoptions de qualité et la protection des enfants. Rien de nouveau, mais cela fait plaisir de voir un homme comme lui en charge de nos préoccupations - tout Ambassadeur qu'il est, il est resté toute la journée assister aux débats... preuve supplémentaire s'il en était besoin de son interêt pour le sujet et les gens qui la font vivre. Il n' y a eu que 3 questions prises faute de temps, dont deux questions "perso" malheureusement...dommage. Là aussi, j'essaierai d'y revenir dans un post spécifique.

- l'intervention d'Aubeline Venay sur l'attachement, hyper pro, claire, synthétique. L'attachement, le détachement (enfant solo), l'ambivalence (enfant velcro),la désorganisation (enfant sumo): une approche claire, concrète... passionnante!

- l'intervention de Chang Delaunay, un adopté qui va bien !  beaucoup d'humour pour un exercice difficile: parler de soi, et rendre cette expérience suffisamment universelle pour que chacun puisse s'y retrouver ou en tirer quelque chose. Mission réussie, et avec brio! Rassurant aussi... de voir que lorsqu'on a été un enfant adopté, tout ne va pas si mal, et tout peut même aller très bien. J'ai beaucoup aimé la manière dont il a dit avoir expliqué son adoption  à ses propres enfants (bios). Simple, direct, plein de bon sens... 

J'ai moins aimé le débat le matin sur les COCA, j'ai trouvé ça assez convenu, sauf les traits d'humour du président d'Honneur de l'APAEC, et sa description sans concessions du SMJ, "syndrome de la mère juive", dont seraient atteints une très forte proportion de parents adoptants !!

Les interventions d'EFA et de l'ASE, plus fondées sur des constats que sur des présentations d'enjeux, m'ont parues superflues et un peu trop basiques sans doute. Les rassembler sur un débat avec une thématique aurait peut-être permis un interêt plus grand? 

Enfin, honte à moi, j'ai dû m'éclipser avant la fin et surtout avant l'intervention-conclusion de l'hôte de la journée, JVM! TGV de 18h oblige!!! Tout ce petit monde avait en effet pris du retard !! (mais bon, j'ai une excuse: son Excellence l'Ambassadeur s'est éclipsé à ce moment-là aussi, et je l'ai d'ailleurs retrouvé sur le quai de la gare....) - (cliquer ici pour le blog de JVM)

La pause déjeuner et le trajet jusqu'au resto  m'a cependant permis de faire  la connaissance de Moushette "pour de vrai"!!! Ce fut malheureusement un peu rapide , et comme je ne suis pas restée le soir .... bon, on n'a pas vraiment beaucoup tchatché!!dommage pour cette fois!  (allez lire son compte-rendu ici)

Et puis j'ai rencontré un couple de dijonnais super sympa, adoptants en Thailande via OA, qui m'ont gentiment conviée à me joindre à eux pour le déjeuner! Une discussion sympatique, à bâtons rompus, sur notre attente, le peu d'apparentements, l'actu, etc... merci à Véronique et Daniel pour ce moment super sympa!!

En conclusion, quelques verbatim des uns et des autres :

- "on adopte pour la vie, pas pour que ça aille le plus vite possible" - Bernard Tomianka, APAEC

- "je préfère qu'on rate une adoption, plutôt qu'une adoption râtée" - S.E. Jean-Paul Monchau

- "ce qu'il y a de merveilleux dans l'adoption, c'est que le père et la mère vivent une grossesse et un accouchement à parité" - Julien Pierron, citant sa mère

- sur le le SMJ : "culpabilisons, culpabilisons, il en restera toujrous quelque chose!" - Bernard Tomianka, APAEC

- "personne ne fait rien tout seul, c'est encore plus vrai dans l'adoption" - Frédéric Huet, Doyen de la fac de médecine de Dijon