Aujourd'hui principalement des articles de fond, pour essayer d'analyser les conséquences des évènements des derniers jours ...
Globalement, le calme "institutionnel" reste précaire et la situation politique fragile ...
Selon le monde.fr, "au nord-est de la Thaïlande, dans l'Isan, l'opposition promet de continuer la lutte". Le journal dresse le portrait de "Vichaï, 28 ans aurait bien voulu se rendre à Bangkok pour manifester aux côtés des "chemises rouges", les manifestants antigouvernementaux qui ont choisi, mardi 14 avril, de lever le siège de Government House à Bangkok, alors que la situation devenait de plus en plus incontrôlable. Mais voilà, sa femme l'en a empêché, et puis, il y a eu de nombreux morts parmi les manifestants. Etil en est persuadé, c'est pour l'instant étouffé."
Vichai se dit attristé, mais est certain que "ce n'est pas fini". "Et la prochaine fois, j'irai !", dit-il. Mukdahan est dans l'Isan, la région du nord-est de la Thaïlande, la plus vaste, la plus peuplée, mais aussi la plus pauvre. Les "chemises rouges" y sont très populaires
Pour Vichai, les choses sont simples : sous Thaksin, il a obtenu un prêt du gouvernement d'un million de baths (15 000 euros) pour monter une petite affaire de pisciculture. Il vend ses poissons au marché de Mukdahan. Longtemps endormie, la bourgade prospère depuis qu'un pont la relie au Laos, un projet dont on crédite aussi l'ex-premier ministre parmi les communautés besogneuses de Vietnamiens et de Laotiens de seconde génération du centre-ville.
Vichai, paysan de souche thaïlandaise, a aussi accès à des soins médicaux pour 30 baths grâce à une carte d'assuré. Alors, quand aux dernières élections les démocrates lui ont proposé 1 000 baths pour sa voix - l'achat des votes par les différents camps dans les campagnes thaïlandaises est généralisé -, il les a empochés, mais n'a pas voté pour eux. "Sous Thaksin, on nous écoutait. Les "chemises jaunes" ne pensent qu'aux gens de Bangkok et des provinces du Sud", dit-il. "
Sur slate.fr , un article de fond qui explicite la rupture entre les "rouges" et les "jaunes"
"Que représentent ces «chemises rouges», leur couleur de ralliement? Elles sont regroupées au sein d'un mouvement extraparlementaire intitulé Front uni de la démocratie contre la dictature (UDD). Le plus gros contingent est encore formé par les partisans d'un ancien premier ministre, Thaksin Shinawatra, renversé en septembre 2006 par un coup d'état.
Lors de son passage au gouvernement (2001-2006), Thaksin a instauré la santé quasi-gratuite et accordé au monde rural de larges crédits (en général bien utilisés) ainsi que des reports de dettes. Que Thaksin soit un autocrate, peu soucieux du respect des libertés et qui s'est rempli les poches au passage, n'affecte apparemment pas l'adulation que lui portent des masses rurales, dans le nord et le nord-est du royaume. Un deuxième contingent de l'UDD regroupe des gens qui réclament davantage de justice sociale et une répartition plus égale des revenus, arguments d'autant plus pertinents que le pays, comme beaucoup d'autres, se retrouve en récession.
Chassés du pouvoir par un coup d'Etat, les partisans de Thaksin y sont revenus lors des élections de décembre 2007. Mais ils se sont retrouvés face à une barrière «jaune», la couleur adoptée par l'Alliance populaire pour la démocratie (PAD), autre mouvement extraparlementaire qui revendique la défense de la monarchie et a disposé, en 2008, de nombreux appuis parmi les milieux d'affaires, les élites traditionnelles et l'armée.
De mai à novembre 2008, la PAD a tenu le haut du pavé, allant jusqu'à occuper pendant trois mois Government House et pendant six jours les deux aéroports de Bangkok, paralysant ainsi l'économie et, surtout, bloquant sur place jusqu'à trois cent mille étrangers (le tourisme représente de 6% à 7% du PIB (Produit intérieur brut) thaïlandais et deux millions d'emplois). Ils n'ont décampé que lorsqu'une Cour a démis le Premier ministre du moment, un beau-frère de Thaksin. Dans la foulée, moyennant de rudes négociations, avec l'aide des militaires, pour obtenir des défections dans le camp de Thaksin, une nouvelle majorité parlementaire a été formée autour d'Abhisit, l'actuel premier ministre.
Anticipant une condamnation pour corruption prononcée en octobre 2008, Thaksin s'était exilé deux mois auparavant. Dans l'impossibilité de défaire la majorité d'Abhisit, il a s'est résolu à organiser les manifestations amorcées fin mars. Mais, dans un pays où le pouvoir manque de transparence, les «rouges» ont surestimé leur main. Si Thaksin, ancien officier de police, dispose encore de complicités dans son ancien corps, c'est visiblement moins le cas parmi les militaires. En outre, les «rouges» ont commis des excès, retournant contre eux des habitants de Bangkok. «Nous ne contrôlons pas les gens et les femmes dans les rues», a déclaré le 14 avril à une radio australienne, Jakrapob Penkair, l'un des dirigeants de l'UDD, pour expliquer la décision d'arrêter les frais. Cette bataille-là était donc perdue.
Les dommages sont énormes. Abhisit a triomphé de sa première épreuve. Mais il fait toujours face à l'aigreur tenace d'une partie de la population qui s'estime bernée. Entre les «jaunes», traités jusqu'ici avec tolérance, et les «rouges», le Premier ministre doit éviter le deux poids, deux mesures. En outre, pour avoir préconisé un régime semi électif afin de réduire la voix des masses rurales, les «jaunes» ont contribué à entretenir la colère de paysans ou de provinciaux qui veulent conserver la part de pouvoir acquise au tournant du siècle. La fracture est durable. Enfin, l'image de la Thaïlande en a pris un nouveau coup. "
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